Des questions autour du rôle et de la place des femmes dans l’Église catholique reviennent dans les contributions au synode de plusieurs pays. Sur ce point, l’Église est en décalage avec la société. Ce décalage peut-il se justifier au regard de l’Évangile ? Le débat est largement ouvert et amené à se poursuivre. Un groupe de travail de Promesses d’Église s’est penché sur la question et vous livre ici ses premières propositions. Nous signalons aussi quelques lectures qui peuvent vous intéresser.
La place des femmes dans l’Église
Le groupe de travail sur le travail des Femmes dans l’Église est composé de femmes et d’hommes, de 23 à 71 ans, laïc/ques et 1 consacrée. 14 personnes (11 femmes, 3 hommes) ont pu être actifs sur l’ensemble de l’année. Ce groupe représente 14 mouvements
Propositions du groupe de travail
Le thème de la place des femmes dans l’Église rejoint directement la question de la Synodalité. Cheminer “ensemble” hommes et femmes nous semble acquis et naturel.
La thématique de la place des femmes est un des points majeurs dans la Synodalité : pour que puissent participer activement tous les membres de l’Église, comme baptisés, à sa mission évangélisatrice « Marcher ensemble ne peut pas exclure la moitié de l’humanité ! »
Sur le fond de notre thématique : la place des femmes dans l’Église. Ce que nous vous remontons ce soir, vous le savez, est un reflet de là où on en est dans notre groupe aujourd’hui : nous avons fait certains constats, avons repéré des sujets structurants, nous nous posons des questions et n’avons pas encore de proposition concrète, même si certains chemins possibles se dessinent déjà un peu.
Nous constatons aussi bien sûr que l’Histoire et la tradition sont des éléments clé, à prendre en compte dans nos réflexions, avec des questions : qu’est-ce qui relève de la tradition et qu’est-ce qui relève de la Révélation ? Qu’est-ce qui relève des conséquences du patriarcat d’hier et d’aujourd’hui ?
Il y a des sujets brûlants dans lesquels il faut mettre les pieds, rentrer vraiment, avec douceur, écoute et bienveillance. Nous constatons beaucoup de souffrances dans cette thématique de la place des femmes : souffrance à écouter, à accueillir.
La figure du prêtre a pris une place conséquente dans nos échanges
Le prêtre doit-il nécessairement être un homme ?
Même au sein de notre groupe les avis sont divers !
On a du mal en tous cas à se détacher de cette question quand on aborde la question de la place des femmes dans l’Église.
Constat : aujourd’hui la figure du prêtre est une figure centrale de la vie d’Église.
Dans les questions que cela nous pose, revient de manière très forte la question du pouvoir (développée un peu loin), la question de la formation des prêtres (management, travail collaboratif, travail en équipe mixtes, etc), la question de la parole sur les femmes qui est dite par les hommes dans l’Église, loin de toute subsidiarité, la question de la complémentarité
On en a beaucoup parlé, on y revient, et tout en même temps on ne voudrait pas faire de la figure du prêtre un sujet central, mais on voudrait ouvrir aussi des portes pour aller vers une réinvention du modèle d’organisation.
Vient alors la question du lien entre pouvoir et sacerdoce, qui est un sujet fort de nos échanges. De part cette place centrale de la fonction de prêtre dans la structure ecclésiale, les femmes sont écartées d’office des lieux de responsabilité et de décision. La présence des femmes dans l’Église est indéniable (dans les paroisses, au service, investies,…), mais pour des raisons diverses elles n’ont pas de possibilité de participer pour de vrai aux prises de décisions dans l’Église. Cela nous interpelle très fortement dans le groupe, et nous met pour beaucoup en colère. Aujourd’hui, nous sommes de nombreuses femmes investies dans l’Église à avoir des responsabilités fortes par ailleurs (dans notre travail notamment), cela nous paraît incompréhensible et injuste que les responsabilités et la participation pour de vrai aux prises de décisions nous soit souvent inaccessible Ce sujet génère un grand nombre d’émotions.
Cela fait aussi partie de notre cheminement en groupe de travail : ces émotions ont de la place pour s’exprimer de manière apaisée, car du temps a été pris en amont aussi.
Dans la continuité de la question du pouvoir (responsabilité et décisions), notre groupe s’est interrogé sur le fonctionnement de la gouvernance dans l’Église : aujourd’hui certains rôles sont dévolus selon la clé hommes/femmes, mais il nous semble que la clé d’entrée pour donner telle ou telle fonction à une personne ne devrait pas être son genre mais ses compétences, son charisme et sa formation.
Cela revient à poser des questions sur les barrières structurelles qui existent aujourd’hui dans l’Église et qui empêchent que chaque baptisé(e), dans une égale dignité (de prêtre, prophète et roi), puisse vraiment porter pleinement son fruit et son appel spécifique, comme individu.
On pourra ouvrir des portes dans la suite de ce que le pape François a fait en Amazonie, sur une “culture ecclésiale nettement laïque”, dans laquelle par exemple une diversité de ministères ordonnés permettrait à chaque membre de prendre sa place dans le Corps, indépendamment de son genre mais en fonction de son appel spécifique reçu.