Un nouveau Concile qui ne dit pas son nom ? Le synode sur la synodalité, voie de pacification et de créativité.
Christoph Theobald sj
Editions Salvator, 2023
En fin connaisseur du Concile Vatican II, Christoph Theobald situe l’actuel synode sur la synodalité dans une perspective historique. Il montre à la fois comment celui-ci s’ancre dans les grands textes du Concile mais aussi comment le pape François déplace l’accent vers l’égale dignité de tous les baptisés pour en faire son axe d’interprétation du Concile. Ce dernier a bien réaffirmé l’égalité de tous les humains devant Dieu et l’égalité baptismale des fidèles, mais sans en tirer toutes les conséquences. Aussi l’égalité de principe reste souvent à distance de la fraternité effective. C’est ce chemin que le synode cherche à faire parcourir à toute l’Eglise. En analysant le processus engagé, l’auteur met en lumière tant l’envergure de la démarche que ses limites et sa fragilité. Le cœur de la synodalité est constitué par un apprentissage de l’écoute. L’écoute personnelle de la Parole de Dieu, l’écoute des autres, l’écoute collective de ce que l’Esprit Saint dit aux Eglises. Cette écoute « stéréophonique » devrait permettre d’apaiser les tensions et conflits et mieux discerner les charismes particuliers pour libérer la créativité dont l’Eglise a besoin. Un processus qui repose sur des dispositions spirituelles qui relèvent de la liberté et de la maturité des chrétiens et de leurs communautés et qui ne s’impose donc pas. Mais l’adoption de la méthode synodale à tous les niveaux implique aussi une transformation des structures de l’Eglise. La synodalité comme dimension constitutive de l’Eglise forme le cadre d’une nouvelle interprétation du ministère hiérarchique, qui se heurte à des résistances et une incompréhension devant l’ampleur de la transformation en cours. Le défi de l’Egise ne consiste pas à mettre fin à quelques dysfonctionnements internes. Le changement d’époque invite à un renouvellement de la figure de l’Eglise pour annoncer l’Evangile au IIIe millénaire. C’est parce qu’il porte sur la forme même de l’Eglise, que ce synode prend les allures d’un Concile qui ne dirait pas son nom.
Monique Baujard