Promesses d’Église est né de la Lettre au Peuple de Dieu du pape François d’août 2018, appelant tous les baptisés à s’engager dans la lutte contre les abus sexuels, abus de pouvoir et abus de conscience. Depuis, il y a eu en France la publication du rapport de la CIASE le 5 octobre 2021, qui a mis en évidence l’ampleur du phénomène et la souffrance indicible des victimes. Toutes les instances catholiques sont concernées par cette problématique ou peuvent l’être. Plusieurs membres de Promesses d’Église ont mis au point des protocoles de prévention. Un groupe de travail livre ici certaines préconisations. Promesses d’Église continuera à travailler sur ce sujet. La pratique montre que le chemin des victimes, mineures ou adultes, reste semé d’embuches et que la vigilance de tous est de mise. Nous vous signalons quelques ouvrages au milieu d’une littérature abondante.
Propositions du groupe de travail
PROPOSITION 1 : Adopter une posture et un langage
Sortir du silence : chaque évêque doit s’assurer d’une réponse à une éventuelle victime sous 3 mois.
Adopter un langage simple sur les questions de prévention et d’abus, accessible et sans ambiguïté, aussi bien dans nos publications que dans nos interventions publiques.
Mettre en place des commissions de rédaction mixtes (hommes, femmes, clercs, laïcs) et assurer la même complémentarité dans les interventions publiques.
PROPOSITION 2 : Consolider la vie fraternelle prêtres – laïcs
Dès le séminaire, former à une vie fraternelle prêtres – laïcs. Rapprocher sacerdoce baptismal et sacerdoce ministériel.
Déployer une vie communautaire sous différentes formes pour favoriser l’ajustement des relations avec tous, et rompre l’isolement.
Encourager les missions menées conjointement avec les laïcs.
PROPOSITION 3 : Développer une culture synodale
Partager les responsabilités sans élitisme en fonction des dons, talents et compétences.
Être clair dans les paroisses et mouvements sur les responsabilités de chacun dans les processus de délibération et d’arbitrage.
Le processus de décision est fondé sur une confrontation des points de vue, qui ne craint pas de voir apparaître des désaccords.
PROPOSITION 4 : Mutualiser les observatoires des situations d’abus
Créer et mutualiser des observatoires tripartites : mouvements, congrégations, diocèses pour recenser les situations d’abus, les relire, les analyser et actualiser les pratiques de prévention.
Évaluer régulièrement l’efficacité des mécanismes de prévention.
PROPOSITION 5 : Former à la posture éducative
Travailler sur les postures éducatives ajustées en proposant des temps de formation spécifique à destination de tous les éducateurs, clercs et laïcs.
Former mouvements, communautés et paroisses aux questions de vie affective et sexuelle et parler explicitement des déviances.
PROPOSITION 6 : Identifier les processus d’emprise et former aux critères d’une relation ajustée
Former les éducateurs (laïcs et prêtres) à l’identification des processus d’emprise et d’abus.
Former aux critères d’une relation ajustée dans les parcours de formation initiale et continue des clercs et des laïcs.
PROPOSITION 7 : Systématiser les lieux de parole
« Le silence de notre société sur les émotions érotiques entre adultes et enfants ne contribue pas seulement à précipiter les personnalités les plus fragiles vers des comportements délictueux. Il contraint également les victimes au mutisme faute d’un interlocuteur pour les écouter et les croire. Moins une institution évoque l’existence de ces désirs et plus il est difficile de parler de leur réalisation lorsqu’elle se produit… puisqu’ils sont censés ne pas exister. C’est parce qu’on a longtemps considéré comme « inimaginables » les élans pédophiles d’éducateurs dévoués que leurs agissements délictueux ont été possibles.
Toutes les catégories de personnel travaillant dans des institutions accueillant des mineurs devraient donc bénéficier d’une information sur l’existence possible d’émois érotiques entre adultes et enfants, en insistant sur le fait qu’il n’y a pas de règle en la matière et que ceux qui n’en ressentent jamais ne sont pas non plus anormaux ! » Serge Tisseron « Vérités et mensonges sur nos émotions »
Systématiser les pratiques d’écoute et d’échanges hors cadre hiérarchique, pour permettre à chacun de nommer ce qu’il vit intimement dans le cadre de ses activités d’animation ou de présence aux enfants et aux jeunes (cf. Tisseron).
Proposer un numéro vert dédié à l’écoute, spécialement ouvert aux acteurs éducatifs.
Proposer des espaces de relecture de pratiques et de supervision pour les éducateurs (prêtres et laïcs).