C’est la question que se sont posés les près de 1000 participants à la 98e rencontre des Semaines sociales de France, initiée le 12 octobre sur le campus de l’Institut catholique à Reims , et qui se poursuivait les 28 et 29 novembre dans le grand amphi de l’Institut catholique de Paris, rue d’Assas.

Accueillis par la Présidente des SSF, Isabelle de Gaulmyn, par Paul Lignières, vice-recteur de l’ICP, et par le nonce apostolique à Paris, Mgr Migliore, les participants ont pu écouter des analyses sur la situation du travail en France de la part d’experts, tels que le sociologue Bruno Palier (CNRS) ou Maurice Thevenet, professeur à l’ESSEC, ainsi que des témoignages venus du terrain avec les chefs d’entreprise Olivier Colleau (Président de Kiloutou) ou Sophie Boissard (DG de Clariane). Avec l’équipe du Secours Catholique Caritas France, ils ont pu entendre des personnes très actives, bien que sans emploi, qui cherchent à faire reconnaitre les expertises liées à la situation de pauvreté. Ils se sont également laissés inspirer par des modèles alternatifs d’organisation au travail en écoutant dialoguer le directeur de la coopérative Mondragon ou le jeune DRH de la start up Makesense.

J’ai été particulièrement frappée par l’initiative politique de trois parlementaires de bords différents, Dominique Potier (PS), Stéphane Viry (LR) et Astrid Panosyan Bouvet (Renaissance), venus présenter le groupe de réflexion transpartisan « Travail en commun » et qui ont fait la démonstration in situ qu’un dialogue constructif est possible au-delà des clivages idéologiques. Lors de sa prise de parole en tant que ministre du travail, Astrid Panosyan Bouvet a ensuite salué l’apport du christianisme social, et en son sein des SSF, à la société. `

Nous avons joyeusement expérimenté un travail d’intelligence collective autour de nos rêves concernant le travail, mené par la talentueuse Claire Degueil, qui nous a permis tous ensemble, puis en petits groupes de faire circuler la parole sur des modes inédits. Nos craintes et nos espérances pour le travail de demain ont pu faire écho aux témoignages entendus quelques semaines auparavant à Reims, de la part de jeunes étudiants chrétiens interrogés par Mgr de Moulin-Beaufort.

La messe, présidée par l’évêque de Paris, Mgr Ulrich, le fil rouge spirituel qui scandait les deux journées, l’intervention d’une théologienne de l’ICP puis du directeur du CERAS ont permis d’ancrer nos réflexions sur le travail dans la longue tradition sans cesse renouvelée de la pensée sociale chrétienne.

La journée du dimanche s’est conclue par une table ronde réunissant Mgr Ribadeau Dumas, Recteur de Notre Dame, Xavier Mailhol, compagnon du devoir, et François Asselin, chef d’entreprise, tous engagés dans le chantier de reconstruction de la cathédrale. Ils nous ont fait vibrer au récit des défis surmontés ensemble, de l’ambiance fraternelle qui régnait sur le chantier, et de la fierté partagée pour une œuvre qui les dépassait. Ils témoignaient chacun à sa façon d’un travail humanisant et soulignaient de manière concrète la dimension collective du travail. Là aussi il est question d’un « marcher ensemble », expression désormais familière aux membres de Promesses d’Eglise…

Au terme de cette session, les participants, heureux et comblés par cette expérience collective, se sont donnés RV à Bordeaux pour la session 2025 !