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La lettre des évêques de France aux catholiques sur la lutte contre la pédophilie concerne un sujet qui, éclairé et mis en perspective par la Lettre du Pape au Peuple de Dieu, a largement contribué au rapprochement de mouvements composant Promesses d’Eglise. Elle interpelle donc aussi Promesses d’Eglise.
La démarche des évêques , et les décisions annoncées, attestent d’un travail remarquable sur la pédophilie fait au sein de leur Conférence, devançant , de loin, le travail à faire sur ce sujet dans certains groupes sociaux ou institutions de notre pays. Et pourtant, dans ce texte, il y a comme un manque , qui peut interroger l’ambition de Promesses d’Eglise de « prendre une part active à la vie et à la mission de l’Eglise catholique », de « dessiner le visage de l’Eglise de demain….une Eglise de dialogue , plurielle et synodale ».
La Lettre du Pape , citée partiellement par les évêques, après avoir reconnu l’effort et le travail faits dans différentes parties du monde pour mettre en œuvre une tolérance zéro à l’égard de ces délits, ajoutait aussi « conjointement il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin… » et « à la racine des abus sexuels , abus de pouvoir, abus de confiance, se trouve une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Eglise » que le Pape qualifie de cléricalisme. Ces passages, Promesses d’Eglise a tenu à les rappeler dans sa présentation et sa charte. L’absence , dans la Lettre des évêques, de mention d’une recherche, dans l’Eglise, des causes des drames actuels liés à la pédophilie, notamment touchant à la conception de l’autorité et du cléricalisme, n’interroge-t-elle pas celles et ceux qui ambitionnent de prendre une part active à la mission de l’Eglise catholique , ou qui , répondant à l’appel des évêques, souhaiteront être actifs pour faire de l’Eglise une maison sure ?
Accepter de chercher ensemble, de nommer ces causes profondément enfouies dans des cultures transmises, parmi les clercs comme les laïcs, en même temps que les trésors qui nous aident à vivre dans la foi, n’est ce pas l’occasion d’une démarche d’Eglise synodale, plutôt que de laisser de coté cette conviction du Pape qu’« il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu »?
La capacité de Promesses d’Eglise à développer ce travail d’interpellation, en son sein, mais aussi avec les évêques, n’engage-t-elle pas sa crédibilité pour réaliser l’ambition affichée ? Il ne s’agit nullement d’ajouter aux blessures de regards extérieurs trop souvent injustement accusateurs, mais au-delà des appréhensions réciproques, de proposer la confiance et accueillir de l’autre, évêque, clerc ou laïc, sa volonté sincère de porter l’Evangile avec l’aide de la communauté ecclésiale toute entière.
Mathieu Monconduit. Réparons l’Eglise 76
Merci à Mathieu Monconduit (membre de PE) pour cette belle contribution.
Pour compléter veuillez trouver ci-dessous le lien vers la lettre des évêques de France :
Lettre aux catholiques sur le lutte contre la pédophilie
Mars 2021
Une « année des familles » plutôt qu’une « année de la famille » ? Pourquoi pas.
Ils ne savent pas et ne sauront jamais avoir une parole publique qui dit tout le bon, le beau, l’heureux, la joie de ce que vivent celles et ceux qui ne vivent pas selon les normes qu’ils défendent. Ce bon, ce beau, cet heureux, ne parait être un horizon que pour celles et ceux qui suivent son immuable enseignement, conduisent leur vie selon la loi naturelle et divine, sont engagés de belle manière dans des relations traditionnelles.
L’année de la famille qui s’ouvre en mars démentira-t-elle ce constat ? On voudrait l’espérer. On voudrait le croire. Mais la Congrégation pour la doctrine de la foi vient de réaffirmer que l’homosexualité est un « péché » et de redire l’impossibilité , pour l ‘Eglise, de bénir des unions de personnes de même sexe. « Seules les réalités qui sont en elles-mêmes ordonnées à servir (les) plans (de Dieu) sont compatibles avec l’essence de la bénédiction donnée par l’Eglise … Dieu ne bénit pas le péché ».
Peut-on dés lors espérer encore une « année de la famille » qui soit une « année de toutes les familles » : familles homoparentales, familles monoparentales, familles recomposées ? …
L’Église n’a-t-elle pas les ressources nécessaires pour accueillir toutes les familles, autrement que de manière condescendante et culpabilisante ?
Est-il impensable qu’elle puisse se présenter autrement que comme un juge décidant en absence de tout avocat de la défense de sanctions et « pénitences » qu’il sait intenables, autrement que comme une « police des mœurs» qui ferme les yeux quand elle le veut bien ?
Est-il impossible qu’elle renonce à « infaillibiliser » ses déterminations morales comme si elles étaient des vérités de foi ? Est-il inimaginable qu’elle fasse de cette année de la famille « offertoire » des histoires concrètes des familles, de toutes familles, et pas seulement de la famille « un papa, une maman, un enfant » ? Ces familles là ne peuvent-elles pas, elles aussi , vivre l’écoute, l’attention , l’apprivoisement, le pardon mutuel, l’oubli de soi et le don de soi , la fidélité et la volonté de se réajuster sans cesse pour poursuivre longtemps ?
Et pourquoi cette année voulue par le Pape François, ne célébrerait-elle pas les couples, tous les couples qui savent que la tendresse passe aussi par la chair et que la chair peut être don, offrande, confidence, révélation, ouverture, façonnement de l’autre, confiance en la vie ?
Célébrer les familles, toutes les familles, cette année de la famille, ce serait dire à toutes et tous, proches , éloignés du catholicisme, indifférents, critiques, hostiles, ou partageant d’autres visions de la vie, que Dieu n’est pas le contre-maître sévère de l’exécution d’un d’un « programme » de vie, n’est pas l’éternel objecteur, contradicteur, contempteur des manières de vivre, d’aimer, de se projeter, de s’inventer de nos contemporains . Ce serait dire que surtout que Dieu s’enrichit peut-être de l’histoire des femmes et des hommes pour mieux lui ouvrir un avenir.
Mais pour célébrer toutes les familles, mais aussi toutes les sexualités quand elles sont rencontres, lieux de surabondance de vie , apprivoisements, dépassements , l’année de toutes les familles serait bien inspirée de changer son rapport aux divorcés-remariés et de leur possibilité ou non d’accéder à la communion.
Cette question ne concerne que des catholiques fidèles, mais pour reprendre l’expression du cardinal Schönborn, elle a un « caractère emblématique » et si enfin l’Église bougeait sur cette question, d’autres dossiers aujourd’hui verrouillés, pourraient être ouverts.
Sauf à vouloir maintenir un statu quo incompréhensible, il faudra bien que l’Église consente à un réexamen de l’enseignement de Paul VI, de Jean-Paul II et de Benoît XV sur les normes morales auxquelles, quelles que soient les circonstances, on ne peut « moralement » déroger, sur les « actes intrinsèquement mauvais » qui sont « péchés mortels, » sur la conscience qui en aucune circonstance n’a le droit de faire exception à ces normes morales , sur « la loi naturelle »…
Il lui faudra aussi revenir sur la légitimité d’une certaine « infaillibilisation » de l’enseignement du magistère pontifical.
Il lui faudra interroger l’anthropologie culturelle qui sous-tend les positions défendus. Il lui faudra se tourner vers les sciences sociales et biologiques pour mieux comprendre les pratiques effectives, le sexe, le désir, le couple , la procréation.
Il lui faudra encourager la confrontation, le dialogue entre la doctrine et l’expérience de tous les laïcs et pas seulement des couples choisis pour être auditionnés par les pères synodaux…
Il lui faudra inviter à une certaine prudence sur l’utilisation de l’argument scripturaire, le recours aux références bibliques et aux paroles de Jésus sorties de leur contexte, la valorisation de modèles de la femme ou de la famille qui ont fait les beaux jours d’hier pour asseoir des certitudes théologiques et doctrinales et prescrire des conduites .
Il lui faudra , en un mot, interroger sa doctrine. Les accommodements et subterfuges pastoraux ne satisfont personne, ni les partisans des statu quo, ni les promoteurs, plus ou moins discrets, de la miséricorde pastorale.
Ne pas tout accepter en bloc des enseignements de l’institution sur les sexualités et les familles , ce n’est pas tout rejeter et pas tout renier, ce n’est pas , surtout, quitter la foi , délaisser les vérités de la foi, perdre de vue les horizons proposés pour que chacun, chacune grandisse en humanité.
Si cette année de la famille devient une année des familles, alors peut-être , l’Église renouera-t-elle avec l’« esprit » du Concile qui n’eut pas eu peur de revenir sur des « vérités » dites longtemps non négociables, irrévocables, intouchables, sacrées et « divines » : il suffit d’évoquer la déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae et la rupture qu’elle opère.
Patrice Dunois-Canette
ancien journaliste
Merci pour votre contribution. Le pape François n’a pas lancé une année de la famille ou des familles, mais une année Amoris Laetitia, pour favoriser la mise en œuvre de ce texte qui fait suite au synode sur la famille de 2014/2015. Amoris Laetitia prend très largement en considération la vie concrète des familles et met la miséricorde au cœur de l’action pastorale. Il est vrai que le synode n’a pas abordé la question des unions entre personnes de même sexe qui fait aujourd’hui débat en Eglise. Au sein de Promesses d’Eglise, cette thématique n’a pas encore été travaillée et nos organisations membres ont probablement des points de vue différents à faire valoir. Mais dans l’esprit de Promesses d’Eglise nous souhaitons favoriser le dialogue et l’expression de tous. En ce sens, nous accueillons volontiers votre texte
Promesses d’Eglise est une belle initiative. L’occasion d’un dialogue avec des chrétiens qui ne pensent pas forcément comme nous.
Est -il pertinent, dans le cadre d’un dialogue qui se veut constructif, de vouloir aborder pêle-mêle de très nombreux sujets extrêmement clivants ? Cela ne risque t -il pas de provoquer plus de tourmente que de rencontres ?
Ainsi, le problème des divorcés- remariés est – il vraiment comparable à celui des unions entre personnes de même sexe ? Si les divorcés -remariés sont dans une situation compliquée au sein de l’Église, il n’en reste pas moins que leur union est celle, potentiellement féconde, d’un homme et d’une femme – ce qui, au-delà des canons de l’Église catholique, correspond à la définition d’un couple dans toutes les cultures !
En revanche , vouloir considérer comme équivalents des couples homme-femme et des unions homosexuelles relève d’une rupture anthropologique majeure – bien au-delà des seules règles en vigueur dans l’Église. Même des sociétés très tolérantes envers l’homosexualité, comme la Grèce antique, n’ont jamais prétendu instituer un « mariage » homosexuel. Certes, l’État, dans de nombreux pays , comme la France, a institué un tel mariage ; cependant la vision qui prévaut dans le cadre de l’état est celle de rapports purement contractuels et sociaux entre les individus , quasiment considérés comme des entités neutres; tandis que le catholicisme, religion de l’incarnation, se doit de tenir compte de la réalité charnelle de notre être, ; et la différence sexuelle en fait partie.
Tout ceci n’empêchant pas bien sûr d’accueillir généreusement dans l’Église toutes les personnes, quelque soit leur parcours, leurs tendances, leurs choix … Comme l’a dit le pape François dans une formule désormais célèbre, qui sommes nous pour juger ?
Mais ceci nous emmène très loin… Est-ce pertinent dans le contexte de Promesses d’Eglise ?
Livret-I-can-4-pages.pdf (enseignement-catholique.fr)
Voici en PJ un projet de l’Enseignement Catholique qui est une vraie démarche synodale… Et Agnès Charlemagne, auteur des ateliers “t’es où?” qui propose à mon avis un vrai positionnement “synodal!!!
Bien à vous
Elise Dutrop Lemonnier